Samedi soir 21:59 je pose enfin ce livre sur ma pile de livres lus, six ou huit mois après l'avoir commencé.
Je suis passé par plusieurs phases dans la lecture de ce livre. J’avais lu auparavant La Fonction du Balais que j’avais beaucoup aimé. Comme pour l’Infinie Comédie ca parait décousu mais une certaine unité vient avec le style, il n'y a pas vraiment de chapitres, c'est un journal, des personnages qui reviennent, qui apparaissent, qui se rencontrent ou pas, qui disparaissent, des fulgurances. C’est plus un survol, une caméra qui passe, s’arrête, observe un groupe puis s’en éloigne. En cela ça m’a rappelé Visions de Cody de Jack Kerouac.L’addiction, la misère sociale, l’absurdité des codes de vie que l’on s’inflige, le sport professionnel, la répétition, l’effet histoire sans fin, puit sans fond, la drôlerie aussi, comédie infinie de la vie même si le livre est plus rempli de tristesse que de joie.
Une écriture qui amène beaucoup d’images, un personnage récurrent cinéaste en lutte contre un système, une réflection sur le monde du divertissement, si le livre manque l’arrivée et la place prise par l’internet, et peut paraitre daté avec ses VHS il pointe déjà des dérives actuelles avec la culture de l’addiction à la prochaine série à voir, série qui n’est qu’une répétition de la précédente donc pourquoi se laisser hypnotiser? Étirer un filon à l’infini comme le font les studios de production de cinéma sans idée, Marvel et ses variations à la demande, Disney qui enchaine les préquelles rédemptrices…
Des images donc, Trainspotting, Fear and Loathing in Las Vegas, Fight Club, Requiem for Dream, Enter the Void… Et pour les livres en plus de Vision de Cody j’ai pensé à Last Exit to Brooklyn qui peut-être encore plus sombre, Berlin Alexanderplatz pour la difficulté de rentrer dans le livre et les personnages qu’ils - les deux livres - décrivent, hommes et femmes qui survivent, vivotent, demi-fous, âmes perdues.
Pourquoi s’infliger une telle lecture de me direz-vous? Bonne question vous répondrai-je. Le fond et la forme, la curiosité, la découverte d’un style, vivre des vies par procuration, des vies non-rêvées dans ce cas présent. Ca aide à se positionner, se remettre en question.
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